Mythomane

par hugues cote  -  9 Septembre 2011, 15:59

Il m’agace, de plus il prolifère de façon exponentielle. Comme quelqu’un atteint de boulimie il monte en puissance.  En surrégime il faut qu’il consomme sans arrêt des parcelles de notre espace mental.  En bon fossoyeur, il a créé le cimetière des bonnes intentions ou si vous préférez le charnier des pensées pillées.  Chacun d’eux est une sorte de poète saligaud qui nous inflige son recueil de boniments.  Par moment, il alterne avec un cantique des cantiques de sa propre composition intitulé mea-culpa qui sonne faux.  Il n’hésite pas épisodiquement à se repentir, mais c’est un leurre.  Soyons indulgent et comme l’adage le précise une faute avouée est à moitié pardonnée.  Cependant que faire de cette vérité bafouée qui nous est contée à longueur de journée par de piètres intermittents du spectacle ?  Qui dans la foulée nous prend pour des ânes tant l’insolence les anime.  Les menteurs qui s'achètent une absolution au rabais pour mieux mentir demain.  Il nous encombre le cerveau avec leur foutre nauséabond.  Le sourire aux lèvres, en nous prenant de force du temps qu'ils ne rembourseront jamais.  Ces violeurs sorte de détraquer psychiques sans foi ni lois qui profitent de notre humanisme.  Il déséquilibre le microcosme pour insuffler le chaos.  Il change la géométrie pour que l’arbre de la vie se transforme en labyrinthe sans issue.  L’ordre des choses entre en mutation et les éléments sont déréglés.  La cosmogonie existante devient un brouillamini.

 

 

C’est un alchimiste du désordre et le prince de la désolation.  Oui, de la violence brute exercée gratuitement par des psychopathes du verbe.  La gâchette facile comme les trouillards G.I.  qui tirent sans somations sur des civils.  Un débordement de mensonge et c'est une rafale de balles perforantes prise en plein crâne.  La tête devient une pastèque qui fuit de partout.  Véritable inondation qui noie le réel dans un monde imaginaire.  Le possédé semble contrôler ou croit avoir dompté la créature.  Il se trompe.  A titre d’exemple, c’est le dictateur qui prend en otage son peuple au nom de leur soi-disant bien être.  La liberté est parodiée et l’injustice est sanctifiée au rythme d’incantations vide de sens.  Au bout d’un moment le menteur est pris au piège comme une bête de cirque en cage, il tourne en rond.  En grand architecte du malheur,  il redéfinit un espace factice par le biais de ses vociférations psychédéliques.  Créer des rituels sans intérêts et des symboles qui sèment la confusion devient son passe-temps favori.  C’est le politique qui n’est plus au service du peuple, mais au service de sa rhétorique qui renforce ces fantasmes et son instinct de survit.  C’est aussi l’homme en jachère, l’intellect semble être fixé dans le fantasmagorique.   Il devient un illusionniste qui communique et qui pollue les esprits.  Puis en prédicateur du faux il en fait son jardin d'Eden, son paradis aux cent vierges et finalement son réel. 

 

Une part est de l'ordre du compulsif et l’autre d’une logique implacable et de surcroit faisandé.  Le nez bouché, les yeux hagards, les oreilles assujetties, il perfectionne sa dérive psychique.  Le cerveau du récepteur est grippé et ses repères vacillent.  Demi-dieu il s'octroie la création d'un monde chimérique qu'il va parfaire avec conviction.  Il devient un autre qu'il ne connaitra jamais, il va tuer celui qu'il est.  Il nie et renonce à sa propre existence, le tout est de nourrir la bête qu'il est devenu.  Les panégyristes affluent et l’ego s’enflamme.  Pour lui, la raison est devenue machiavélique et le sens un objet volant non identifié.  L’intemporalité prévaut et la notion de projet éradiquée, une seule mission fait foi : mentir ad vitam aeternam.  Les valeurs se désintègrent.  Ils croient en une seule commodité, la crédulité des autres.  Ceux là même qu’il ne perçoit que comme moins que rien, en somme des pauvres bougres.   A qui il doit imposer et servir exclusivement de la merde.  Il chosifie leurs semblables qu’ils associent à des cerveaux en libre service.  Il a certes une conscience, non, une fausse conscience promue convoyeur de mensonges.  Elle l’accompagne nuit et jour enfin que sans relâche afin qu’il puisse offrir ses pâtisseries.  Des gâteaux qu’il servira à la moindre occasion pour appâter ses victimes.  Parfois en adepte de la surproduction, il mangera le surplus en fin de journée, sorte d'accélérateur d’inspiration pour le lendemain.

 

C'est un tisserand qui confectionne un voile qu'il jette sur tout. Comme un pêcheur avec ses filets, plus rien n'est accessible puisque la vérité est faite prisonnière.  Il préfère les ténèbres à la lumière pas par tradition religieuse, mais parce que comme une chauve souris il voit mieux dans le noir.  Ce hâbleur qui prétend connaitre le réel semble somnoler en chacun de nous.  Parfois par intermittence, mais trop souvent ignoré.  C’est l’alcoolique ou le droguer qui ne se sait pas serrer par son mal.  Les pirouettes sont nombreuses et les complices légions.  La société elle-même semble favoriser l’éclosion de ce travers en chacun de nous.  La pression sociale et la lutte des classes prônant l’avènement de ce surhumain dont la force, l’intelligence et l’amour éclaireront les masses.  Des espèces de palliatifs ou placebo à nos insuffisances, nos rêves débridés et psychoses névrotiques.  Force est de constater que certains ont compris qu’une place au sommet était offerte.  Quoique, cette attitude ne doit pas être une excuse pour masquer notre capacité à choisir la facilité et se laisser vivre.  En refusant de soigner le mythomane qui agit ou sommeille en nous.  La démarche est non seulement malsaine, mais nous éloigne de notre unicité.  Pire elle fait de nous des êtres incapables de cerner le lien qui fait de nous un ensemble indissociable.  L’immobilisme dans laquelle nous plonge cette attitude est une atteinte à notre humanité.

 

Cependant, préservons nous de sauter à pieds joints dans une moralité de pacotilles.  Morale bien pensante et non intrusive que les aficionados de la pensée molle adulent.   Harassant le sentiment de culpabilités pour castrer la réflexion engagée et masquer la réalité.  Le bobard à une raison d’être.   L’homme à mi-chemin entre la réalité d’une existence et l’appréhension d’un hypothétique nirvana intellectuel nommé réel est déboussolé.   Peut-on concevoir l’existence de cet animal social sans fables ?  Comment rencontrer l’autre sans hypocrisie ?  Comment reconnaitre la vérité sans jamais avoir rencontré la contrevérité ?  Peut-on connaitre la vie sans pactiser avec le mensonge ?  L’homme est une composition mystique.  A la fois être de lumière et personnage crépusculaire tout en étant capable d’être ni l’un et ni l’autre.  Il est thèse, antithèse et synthèse comme un tiercé gagnant à la foi dans l’ordre et le désordre.  En devenir, jamais fini et donc indéfinissable.  Un véritable nœud gordien pour l’esprit.   Il est en errance tant la vie moment de transit pour tous est pour lui une épopée initiatique qui va le porter au questionnement.  Sa complexité est une invitation à l’exploration, « l’homme est le terme, le sceau de la création, et sa luminescence » précise la charte du Mandé.  En quêteur de vérité,  On est en droit de s’infliger deux interrogations : c’est quoi cette vérité qui se cache de nous et pourquoi le réel tarde-t-il tant à se montrer ?

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