Rhume mental

par henricote  -  15 Juin 2011, 15:18

Depuis quelques temps, je suis baroque.  J’ai une boule quelque part, je ne sais où.  Je la sens me parcourir, mais impossible de la localiser.  Elle joue presque au chat et la souris avec mes nerfs.  J’ai le sentiment que le ciel s’affaisse sur mes épaules.  Mon corps s’alourdit et j’ai même pris quelques kilos d’un coup.  Le soleil semble être chiche de rayons.  Cette absence de lumière malmène ma personne intérieure dans sa totalité.  J’ai l’impression de faire un avec mon ombre. Union que j’avoue malsaine, car de nature incestueuse.  J’aime bien la distance qui nous sépare, c’est une sorte de ligne Maginot.  Bien que je la sache vulnérable, c’est une ligne de démarcation mentale.  La psyché y puise un certain équilibre.  Je pressens une espèce d’ouragan parapsychique.   Les forces psychiques inconscientes et conscientes sont sur le point de s’affronter.  On peut même parler d’une chevauchée semblable à celle des quatre cavaliers de l’apocalypse.  Une sorte de fin du monde avait débuté.  La météo cérébrale annonce l’arrivée d’une  dépression massive.   

 

Une espèce de morosité flotte dans l’air et me pénètre lentement et surement.  Je sens l’âcreté de l’humidité me parcourir l’esprit.  Mon énergie vitale est en chute libre.  On peut même parler d’autodafé qui s’opère des entrailles.  J’ai l’estomac en feu, l’anxiété est là et me tient.  Je sens mon corps se crisper et les muscles se raidir.  Je suis sous haute tension presque tétanisé.    Je sens mes larmes prêtes à se déverser.  Je résiste autant qu’un barrage vétuste sur le point de céder.  Une violente secousse sismique émotionnelle est ressentie.  Preuve qu’un réchauffement hormonal  est en cours.  La tour de contrôle qu’est la tête vient de comprendre que le physique est sur le point de crasher.  Elle ne peut rien puisqu’une avarie spirituelle alogique est amorcé.  Une hémorragie intellectuelle a évacuée les automatismes qui servent de soupape de sécurité.  Démuni, il ne reste plus que la panique qui paralyse les neurones.  L’immobilisme psychologique est scellé.  Il ne reste plus que les apparences à sauvegarder.

 

C’est officiel je suis agrippé.  Non, je voulais dire grippé mentalement.   A vrai dire la mélancolie ou le blues vient de m’alpaguer.  Je broie du noir et même du blanc peu importe la couleur.  Mon âme semble se noyer dans un océan de platitude.  J’ai le sentiment d’avoir perdu la trace du sens.  Mon essentiel est devenu un fugitif qui n’a laissé aucune trace.  Mon for intérieur  est dans l'embrouillamini totale. La lassitude a assujetti mon unicité. Ma force m’a désertée.  Ma sagesse se planque et mon amour est déboussolé.  Anesthésié je suis conscient, mais le mouvement est inaccessible.  Je suis l’opéré conscient, une horreur.  Le peu de vie qui vous reste n’existe que pour faire perdurer cet état de léthargie.  Vous êtes un légume qui parle tant l’humanité est phagocytée par le monstre.  On est si malaxé spirituellement  que la bête est là sans être là.  On boit le déni avec ferveur.  « Tout va bien, c’est juste de la fatigue ou le temps » marmonne le bluffeur.

 

 

Piètre imposture d’un souffrant qui se pense malade imaginaire.  Histoire de paraitre héroïque ou tout simplement fort.  Le regard de l’autre est une sorte de coup de massue.      Puisqu’on ne souhaite pas partager les états d’âmes.  On est des avares, voir pire des serrés d’informations sur l’intime.  De plus cette intimité sert de frontière avec l’autre, alors pas touche. L’atomisation de l’individu fonctionne à merveille.  L’huître se referme et l’étau se resserre.  Le laideron ricane, vous êtes son joujou.  Chosifié vous poursuivez votre descente aux enfers.  L’impuissance n’est plus une chimère, elle fait corps avec vous.  L’enfonçure est tellement brutale que les idées vacillent.  La pensée est endommagée parfois déjà en voie de déchéance.  L’ombre se révèle et prend le dessus.  Le moral est mis à mort.  L’espoir est cannibalisé par le désespoir  et la lumière devient pénombre.  La réservation à l’hôtel des ténèbres est confirmée.  Le « tanto » ce petit poignard du samouraï est aiguisé, car le hara-kiri n’est plus loin.

 

Soit rassuré il ne faut pas beaucoup pour s’évader de ce cauchemar.  Un coup de recul plus un coup de révolte.  La tendance est inversée et le combat peut commencer. Certes il faut reprendre des forces.  Reconquérir les pensées et leur offrir un projet.  Il faut surtout ingurgiter du positif et se mettre sous transfusion d’amour.  Rappeler la concupiscence qui va inspirer la reconstruction.  La régénérescence de l’immanence va enfanter la transcendance.  Le sens va se manifester et va même faire signe.  L’essentiel va se livrer et la quintessence va jaillir.  Le for intérieur va se remplir d’énergie et va se stabiliser.  La vitalité va de nouveau alimenter le tout.  La force va à nouveau peupler le physique et le mental.  La sapience va sortir de son refuge et l’amour va retrouver de la sérénité.  Le souffle de la liberté va vous ressusciter.  Libre et à nouveau en mouvement, il faudra tout de même analyser.  Ce film de série B peut devenir un funeste remake.  Il peut conduire au drame et bien pire encore à la mort de l’âme.  L’équilibre psychique est délicat et nul n’est à l’abri d’une grande souffrance morale.

 

 

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