L’évasion

par henricote  -  15 Juin 2011, 15:21

Ce matin j’ai rêvé d’échapper, fuir ce présent et cette société malade.  J’ai décidé de devenir l’otage insoumis de ce réel préfabriqué.  J’ai brisé toutes les chaînes qui emprisonnent mon humanité.  Je veux être l’homme désobstrué, j’en ai assez de ce capharnaüm.  Je veux être un lion indomptable et vivre libre ou mourir.  La barbarie des hommes m’écartèle les entrailles et  l’écœurement me rempli.  La férocité du cynisme m’asphyxie à petit feu.  Cette bave qui incite l’homme à renoncer à la possibilité d’un meilleur m’exaspère.  Marre d’entendre sans arrêt la piètre formule « c’est comme ça ».  Cette nauséabonde résignation froisse mon intérieur.  Cette condamnation à la damnation sera farouchement combattue.  S’il le faut je braverai l’enfer et j’aurai la tête de Belzebuth.  Je ne suis pas un être fini et encore moins asservi.  Je suis une créature plurielle et de mouvements.  Je suis « moi », « toi », mais par-dessus tout « nous ».  Je suis le porteur saint de l’égoïsme.   Je suis immunisé contre la pandémie de l’atomisation de l’être, cette saleté nommée individualisme.  En altruiste, je pense que l’homme au pluriel vaut mieux que l’homme au singulier.  Par ailleurs, je ne néglige pas la brièveté de mon existence, ne rêve pas d’éternité et encore moins de postérité.  Je suis l’homme de passage qui s’inscrit dans la transmission et qui sait que le travail continuera.  Je veux un instant flamboyant afin d’offrir ma contribution sans tache.

 

Je veux que les ténèbres accouchent d’une lumière salvatrice pour l’humain.  Je veux sortir du rang et m’écarter des sentiers tracés.  Je veux être déclassifié et que l’on laisse les cases: pauvre, médian et riche sans croix sur ma fiche.  D’ailleurs qu’on la brûle cette identité fantoche,  je n’en veux plus.  Je veux être un anonyme parmi les hommes.  Un être affranchi des griffes du capital.  Je veux que le bruit des incohérences et des mensonges cesse.  Je veux être le témoin de la réalité d’une liberté, d’une égalité et d’une fraternité pour tous les hommes.  Même un court instant, je veux voir à l’horizon l’ombre de la perfection.  Je veux un monde ou la femme sera le centre de l’union.  Je veux voir l’amour enseigner à la haine, l’amour et la sapience.  Je veux que la souffrance humaine devienne une chimère.  Je veux que les pleurs soient des signes de joies et non plus de malheurs.  Je veux d’une terre où l’homme aime l’homme.  Wouaouh !  Je veux tellement, mais à quoi bon idéaliser à moitié.  Deux derniers souhaits pour la route.  Je souhaite que l’homme cesse d’avoir peur de l’homme et de la vie.  Enfin, je désire que chacun chevauche son imaginaire et partage sa vision.  Imaginez un instant un monde où les hommes pourraient à nouveau aspirer au meilleur.  Reconquérir voir redéfinir une quintessence qui porte l’homme au firmament, réunir ce qui est épars. Ceci serait l’avènement d’un avenir radieux et fixe.  De facto avec des présents moins douloureux et de possibilités illimitées.  C’est un projet de lumière et de concorde universelle.   

 

 

Aujourd’hui les jours sont bien amers pour l’humanité entière.  Un peu partout dans le monde c’est du sang, de la douleur, du malheur et de l’injustice qui prédomine.  Nous sommes des captifs qui s’ignorons.  Nos maîtres ont trouvé la parade, nous laisser croire que nous sommes libre.  Oui, prisonniers parce que ceux qui résistent sont tout simplement lynchés.  Aujourd’hui l’objectif est clair.  Il faut dévitaliser l’homme, le dépouillé de ces empreintes.   En faire un truc, un zombie qui ne réagit plus et qui vit par procuration.  Un gobeur puisque le système va jusqu’à mâcher à sa place.  Dans cet espace de damnés, il y a des chanceux comme moi.  Matériellement  chanceux, mais moralement atteint au plus profond.  Le mal est introduit à profusion par le langage et les images.  Tous les jours, on est martelé avec violence et sommé de renier les valeurs humaines.  De plus à force, commotionné par les coups reçus mon psyché chancelle.  Mon âme est dans le coma et mon soma est flottant.  Un corps sans cette particule de Dieu n’est plus que de la chair et les os.  Les sens sont paralysés d’ailleurs plus rien n’a de sens en réalité.  Je suis le boxeur carillonné par les uppercuts de la vie.  Mon intime est en sang à cause de la violence psychique endurée.  L’existant est le nom de mon agresseur.  Ce voyou n’est pas le réel au sens ou l’initier peut l’entendre.  C'est un instant façonné de toutes pièces par un petit nombre de malins.  C’est un mirage ou une fiction qui nous est contée voir imposée tous les jours. 


 

Pour ma part genou à terre, je me bats et exalte à la résistance.  L’utopie est une arme fantastique.  Elle éradique le faux et fait émerger le vrai.   Comme par enchantement cette petite contribution vient de réanimer mon âme.  Je vais beaucoup mieux et vous aussi j’espère.  Je vois d’ici votre sourire et soyez assuré qu’il va illuminer mon esprit.   La preuve qu’un réel qui ne fusionne pas avec le monde symbolique sous l’égide de l’homme est dépouillé de vérités.

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