Perdre le fil
Perdre le fil
Sans faire exprès, glisser dans les bras de la mélancolie. L’étrange étreinte. Sentir qu’en soi, une bataille fait rage. Entre le goût de vivre et l’asthénie morale qui givre le dedans. La chair de poule glace le sang. La joie suffoque, perd de sa vigueur. Le pouls bat de plus en plus lentement. A croire que l’instinct de survie veut se barrer.
Sans faire exprès, on ne sait pas pourquoi. On explore le désert de l’exil. On tète le mamelon de la folie. Le sens des choses semble s’être évanoui. L’identité se détache et l’appartenance devient un souvenir. Plus besoin de miroir, on est passé derrière le miroir. La lumière s’éteint, on s’enfonce dans le néant.
Sans faire exprès, on devient un rien. On se laisse porter par le vent du non-sens comme un insignifiant grain de sable. La résilience est à court d’énergie. La pile de la volonté se décharge. Le fil de l’imagination coupé. Le dedans fait de l’apnée. On prend racine dans l’épais brouillard du tourment. On congédie le débrouillard.
Sans faire exprès, on ne fait pas semblant. On est ce que l’on est. Un bloc instable très souvent à l’ouest. Pourtant nul besoin d’être funeste. Au fond la vie ne tient qu’à un fil. De temps en temps, c’est bon de le perdre. Autour de nous de tous. Il existe le plus précieux des fils à tisser: l’amour. Parfois, perdre le fil c’est chercher dans sa tête une nouvelle terre. Une nouvelle façon de s’aimer et d’aimer.
Hugues Côte 02/12/2015
Toile de Ted Zamy Dorvil