Le crépuscule des demi-dieux
Le début du XXIème marque la fin d’une époque pour une minorité qui a du mal à l’accepter. Probablement englués dans les souvenirs d’un passé déjà lointain. Victime d’un égocentrisme paroxystique, Ils se rêvent encore en surhomme et en possesseur du monde comme jadis. Il faut dire que leurs aïeuls leur avaient fait cadeau du monde. En braqueurs, les anciens avaient braconnés sec et absorbés les terres découvertes. A la fois sauveur, civilisateur et aussi orchestrateur de génocides. Ils avaient disposé des hommes et des ressources à leur gré. Le monde était façonné à leur image. Ils avaient répandu leur normalité sur la terre entière. Alors que les ascendants n’étaient pas des paresseux. Eux par contre se sont contentés d’être des exploiteurs jouisseurs, pendant que les damnés trimaient aux quatre coins du monde. Ils ont panthéonisés la société de consommation.
Passé le temps des conquêtes ils ont offert à l’humanité des valeurs. Leurs ancêtres leur avaient légué le siècle des lumières. Une révolution et des valeurs humanistes. En enfants gâtés ils ont vilipendés l’héritage. Ils ont hérité de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. En impudent ils l’ont dépouillé de son caractère universel en s’enfonçant dans la cagoterie de la race supérieur. De leurs pères ils ont reçu la République, ils en ont fait une République bananière où les passe-droits et le clientélisme sont l’équerre et le compas. Du projet républicain dont la devise est Liberté, Egalité et Fraternité, ils en ont fait une fumisterie. Le travail avec la délocalisation, ils en ont fait une denrée de plus en plus rare. D’une terre d’accueil et d’asile politique, ils en ont fait une terre d’expulsion. Surtout leurs parents avaient un projet, tandis que ceux-ci préfèrent l’instantanéité.
Désormais dans le train de la mondialisation, ils sont à l’arrière comme des clandestins. Ils font office de sans-grades de l’échiquier mondial, ils sont sommés de descendre du wagon et parfois même débarqués purement et simplement. Son armée est devenue une force supplétive. Le néo-colonialisme a permis de conserver un pré-carré qui lui aussi titube. Obligé de faire usage du complot et de la force pour s’agripper aux lambeaux de biens mal acquis. De prédateurs ils se sont transformés en prestidigitateurs, malgré le verbe facile et le discours enjolivé. Le déclin est là, le loup est dans la bergerie. La crise ne peut être camouflée in fine. Le chômage et la misère s’est installe. Comme quoi « bien mal acquis ne profite jamais » disait à juste titre La Fontaine. Le masque tombe et se fracasse.
Aujourd’hui est venu le temps de l’austérité et de la crispation. La petitesse est flamboyante puisqu’il fallait la décomplexer. Des intellectuels besogneux endimanchés sont de sorti pour nous vendre de la baliverne. L’expatrié est devenu le mal, il est le coupable idéal. Le racisme est banalisé et on parle de ségrégations. On évoque la préférence nationale et l’exclusion comme s’il fallait rêver d’un nouvel apartheid. On parle de fermer les frontières comme si la mondialisation était un mirage. On parle de choc des civilisations au lieu du choc des psychotropes. La psychose est la nouvelle drogue de synthèse injectée dans les esprits. Tandis que l’opium du peuple est offert à profusion et gratuitement au détriment de la laïcité. On applique la technique du saucissonnage, communautariser et diviser pour mieux régner. Le citoyen doit muter en réactionnaire voir même en Néo-poujadisme.
Pourtant, la France dont ils fantasment n’existe plus que dans leurs caboches. Loin d’être parfaite, elle est perfectible. Comme un arc-en-ciel elle est multiple, colorée et bien vivante. Elle se pense laïque et tolérante. Les forces vives de la nation sont disponibles et attendent le signal. Il faut redéfinir un projet galvaniseur et unificateur pour cette société. Offrir à tous ceux qui le désirent une opportunité de contribuer. La France n’est pas finie, le temps des usurpateurs est terminé. Il faut remettre au goût du jour les valeurs humanistes. Faire du cynisme une maladie en voie de disparition. Rendre aux hommes et femmes de ce pays l’amour du travail. Rendre la gestion de la cité à des hommes qui sont réellement au service de leur semblable. Partager ensemble le fruit du labeur. Promouvoir la culture et l’éducation pour que les enfants soient en capacité de répondre présent face aux défis du futur. Prendre soin de nos anciens encore vivants.
Le crépuscule des demi-dieux doit être annonciateur de la fin de la vision à court terme. Demain doit être pensé en intégrant tout le monde sans exception. L’argent doit redevenir un moyen et non une finalité. Un projet à long terme doit être proposé pour une France de toute beauté qui réunit ce qui est épars. Une France qui fait partie du monde de demain, là où l’homme sera au service de l’homme.