La légèreté de la cuisse et la difficulté de la parcourir

Elle est là allongée a vos côté, vous pouvez la sentir et la touchée.  Vous avez a priori gagné la partie ou vous a-t-elle laissée la victoire ?  Pour la plupart des troubadours que nous sommes, on est facilement inoculé par le virus de l’arrogance.  Alors qu’elle est aussi patiente qu’un pêcheur, elle laisse le poisson mordre à l’hameçon.  Il faut dire que lorsqu’on mord ce n’est pas sans un certain entrain, de véritables acharnés.  Pourtant, ce n’était qu’un appât ce que les Anglais appellerait « appetizer » bref un amuse-bouche.  Oui, quand vous croyait avoir escaladé le mont Everest, au fil du temps, juste en face se dessine un autre sommet.  Dans un premier temps dans l’euphorie, vous êtes sur un nuage et vous rêvez.  Vous faites l’enfant gâté, pendant ce temps elle tisse sa toile.  Elle distille avec application la drogue qui va vous rendre dépendant.  Elle donne à profusion les signaux qui vont renforcer votre ego.  Vous pouvez la penser conquise et soumise, voir prisonnière de votre animalité.   Le torse bombé on est les rois de la chair.  Chemin faisant, les habitudes du vainqueur prenant le dessus.  On sous-estime l’adversaire parfois on la néglige.  Pourtant, elle reste « focus », analyse les moindres failles.   Note les impairs et travaille ses angles d’attaques.  Pendant qu’on joue à la marelle, elle en est à l’échiquier.

Alors, viens le moment fatidique ou l’on veut glisser sa main entre ses cuisses. Prendre notre bien, profité de la chair.  Et voilà quelle croise les jambes et d’un coup, comme un éboulement vous n’avez plus d’accès.  Témérité obligeant, vous essayé de faufiler les doigts avec un peu plus d’insistance.  Hélas seulement avec un petit coup de rein de sa part, telle une prise d’aïkido.   Elle bloque l’accès.  Déstabilisé vous voulez contester, mais le pouvoir n’est plus de votre côté.  Soudain, vous réalisez de quel côté penche la force et que la cuisse n’est légère que lorsqu’elle consent.  Par ailleurs, il faut le mériter au quotidien.  Sinon le chemin sera sinueux et il ne vous restera que des souvenirs.  Votre précieux Kâma-Sûtra vous tombe des mains.   Comme sans elle il n’est d’aucune utilité.  Prendre conscience du privilège octroyé, vous ouvre les yeux sur la réalité.  L’accessibilité révèle la complexité de la relation.  Le rapport de force est omniprésent.  Comme un caméléon, il peut se fondre dans l’intimité au point d’être indétectable. Vous prenez conscience des cadeaux offerts et l’imbécilité de votre ingratitude.  Vous découvrez qu’au-delà de cette cuisse, de cet élixir, une personne existe.  Contrairement à vous elle ne fait pas que jouir du moment.  Elle s’inscrit dans le projet de construire.  Elle a vu en vous ce que vous ignorez.  Bref elle œuvre, elle travaille.  Elle essaye d’éveiller et de faire émerger le meilleur de vous-même.

Elle a le sentiment pur et la générosité facile.  Elle est la garante de notre humanité.  Mais attention !  Bafouée ou abusée, elle devient féroce.  De l’amant vous mutez en virus et elle va devenir le vaccin.  Ceci dit, la cuisse reste légère. A condition de comprendre, qu’elle appartient à quelqu’un qui attend aussi quelque chose.  Dans l’histoire de la vie, rien n’a jamais été gratuit.  Souvent il ne faut pas grand-chose comme le respect, l’attention ou beaucoup d’amour.  Oublier ou l’ignorer, c’est renoncé à l’autre.