La géométrie des variables

par henricote  -  15 Juin 2011, 14:52

Cette notion sans conteste permet et facilite le compromis.  La flexibilité qu’elle confère offre une marge de manœuvre considérable.  Aussi bien sur le plan social, économique et philosophique. D’ailleurs les militaires l’ont compris et l’ont appliqué à la voilure des avions de chasse.  Dans le but d’optimiser son adaptabilité à la vitesse de croisière.  Dans la vie de tous les jours, l’homme l’a aussi intégré et la pratique avec jubilation.  Elle semble lui procurer un sentiment existentiel fort.  Dans un surréalisme poignant c’est un surhomme.  Il existe dans un réel imaginaire.  À travers le prisme de son vécu, il est non seulement acteur, metteur en scène et réalisateur de ce film qu’est sa vie.  Peu importe le haut voltage de sa subjectivité.   Encore moins l’errance intellectuelle dont il n’a pas conscience.  Sans parler de la radioactivité de ses insuffisances.  En dépit d’une fragilité inassumée, il émerge.   Son existence est matérialisée au travers de son corps et des bouffées d’airs consommées.  Le sens de sa vie enchevêtré à sa capacité à débiter des mots.  Il parle donc il est.  Il gesticule donc il est.  Il est « je » donc il est puissance.  Il règle ses pas sur une géométrie qui n’est pas fixée et ignore ce qui conduit vers l’universel.   Son mouvement est saccadé et incertain, car dans l’obscurité il ne sait pas où il va.  Le projet s’il existe résume à vivre ou plutôt à vivoter puisqu’il est en représentation.  C’est un accroc à l’illusion qui cherche l’émancipation dans l’affirmation de son individualisme.

 

Pourquoi ?

 

Tout simplement parce que la géométrie des variables ne peut s’appliquer à tout.  Ceci pas parce que le compromis n’est pas bon, mais aussi parce qu’il peut-être néfaste.  Ce n’est pas une affaire manichéenne ou de l’ordre du binaire.  L’humanité n’est pas à géométrie variable.  Pour le comprendre il faut arrêter l’approche nombriliste de notre devenir et la perception archaïque de l’autre.  En névrosé qui s’ignore on développe une psychose infantile de l’autre.  Le prochain devient le réceptacle de nos peurs et de nos fantasmes.  Un transfert des tares est systématiquement déclenché dans l’espoir de guérir de nos démons.     Pourtant, il faut tout d’abord opérer un décentrage.  Reconnaitre l’autre dans un premier temps et puis lui faire de la place dans un second tempo. Enfin faire le pas de trois, voir en lui un miroir.  Ce reflet sera lourd d’enseignement.  Entrevoir sa nécessité et l’accepter.  Une désintégration du « je » est inéluctable.  Des cendres naîtront un « nous ».  Attention, ce « nous » devra devenir un « nous » récursif pour éviter le piège du « nous » inclusif ou sélectif.   Le récursif présente l’avantage d’être répétitif à l’infini et met l’homme au centre du projet.  Il réunit ce qui est épars tandis que les autres « nous » sont soit insuffisant ou fractionnaire.  Le compromis est toujours intéressé, il n’est jamais gratuit.  Tandis que le « nous » met en lumière la générosité qui nous habite.  Embrasser la géométrie des variables c’est rester dans la pénombre de l’arbitraire et les abîmes de la peu près.  La vie à un sens lorsqu’on saisit la quintessence de notre humanité et qu’elle ne diffère en rien avec celle de l’autre.   Tous les hommes aspirent à la même chose.  C’est inscrit dans nos gènes.  La liberté, l’égalité, la fraternité et autres notions à caractère universaliste ne peuvent pas être la panacée d’une minorité.


Pourquoi ?

 

Ces mots n’ont de sens véritable que s’ils s’appliquent à tous.  Que si les jeux d’atomisations sont écartés. Que les peurs se transforment en simple questionnement.   Que si les combats contre les discriminations deviennent un.  Que si la lutte des classes cesse une bonne fois pour toute.  Que si le genre ou la couleur ne soient plus qu’un détail sans importance.  Que si l’homme se libère de l’imbécilité par le travail et l’éducation.  Que pour une fois pour toute que l’on comprenne que l’autre c’est moi.  Le droit et encore moins l’universalisme ne peuvent souffrir de transmutations, car l’homme à besoin de cohérence et de constance.  Ne pas le comprendre, c’est ignorer le caractère ontologique de l’homme qui est son lien inaliénable à l’autre.  L’humanité est une et indivisible.   Oui, on quitte les sentiers du palpable et du paraître pour ceux du sensible et de l’intelligible.   De manière intrinsèque c’est un sentiment connu de tous, mais qu’on s’efforce à renier.  Les raisons bancales ne manquent pas pour assumer cette posture.  Comment être en mouvement sans centre de gravitation ? Le chemin choisi est celui de l’unicité, certes à des années lumières de ce que la société spectacle propose aujourd’hui.  Oui, l’universalisme combat cette géométrie et le cynisme qui l’accompagne.  En fait elle transcende toutes les pseudo-vérités, pour nous faire comprendre que dans l’absolu nous sommes un.     

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