L’homme globalisé

par henricote  -  15 Juin 2011, 15:04

La pire exploitation de l’homme par l’homme : c’est l’esclavage écrivait Jean Price-Mars dans Ainsi parla l'oncle.  Au XXIème siècle le travailleur est globalisé et de surcroit exploité.  Le saint Graal du capital est de trouver l’homme qu’on payera le moins.  A la différence des machines qui ont connu des flux migratoires.  L’homme globalisé ne bouge pas, mais il est partout.   Il est interchangeable, c’est presque un kleenex qu’on jette après utilisation.  La délocalisation a fait de lui une sorte de poupée russe.  Dans chaque pays où l’outil de production est parachuté, on peut trouver son alter ego en compétence.  Le double à pour seules caractéristiques de voir les machines venir à lui et d’être moins chère. L’unique leitmotiv du salarié est de survivre et son rêve est de ne pas perdre son emploi.  Le stress et l’anxiété sont les incubes et succubes qui violent la tranquillité de son sommeil.  Il a des chaînes invisibles nommées désir et possession.  Ce n’est pas non plus un innocent puisque c’est un accroc à la consommation voir même à la surconsommation.   Dans cette nouvelle orchestration du travail, l’actif est l’esclave des temps modernes.


Dépouillé de toute humanité, l’homme globalisé n’a pas d’identité.  C’est un juste un laborieux parmi des millions.  Il est toujours en sursis, car son activité peut foutre le camp à tout moment.  C’est un temporaire avec un contrat à durée indéterminée.  Un futur chômeur en puissance.  La terre est ronde et le travail tourne aussi au rythme des analyses prévisionnelles.  Le travailleur à désormais une date de péremption.  Il est devenu une banale commodité.  Pour la première fois, la couleur ou les origines ne sont plus les seuls facteurs accablant.  Tous les hommes sont logés à la même enseigne, quelle que soit leurs positions ou leurs salaires.  Nul n’est plus à l’abri, le travail est devenu volatil.  Les maîtres du jeu sont invisibles.  A la différence de l’esclave l’actif n’a pas un maître, mais des maîtres qu’il ne connaît pas.  Ils sont tout en haut tandis que les damnés triment en bas.  Plus besoin de fers ou de fouets, la carotte s’appelle salaire.  Peu importe la valeur de la paye, la hiérarchisation est un leurre.  Au bout du compte tout le monde est assis sur un siège éjectable.  L’homme est devenu un vulgaire numéro.

   

Le nouveau panthéon humain s’appelle le marché.  L’argent et le pouvoir en sont les dieux tout puissants.  Les profits et les marges en sont les archanges et les anges.  Le diable dans ce système se nomme spéculation et les démons sont les fluctuations et les récessions.  Dans cette nouvelle cosmogonie les quatre éléments, l’eau, l’air, la terre et le feu jouent un rôle central de régulateur.  Les prix dansent en fonctions de leurs impacts sur la matière et sur l’humain.  Dans cet ordre, les hommes de tout horizon sont constamment offerts en holocaustes afin que le marché soit florissant.  Les individus de tout âges dans cet espace chimérique en sont les objets voir des pions.  Des irresponsables qui méritent leurs tristes sorts.  Seule une poignée d’élus qu’on peut qualifier de surhommes font danser les autres aux grès de leurs appétits de pouvoirs et de leurs soifs d’argents.  C’est un modèle binaire qui repose sur la philosophie suivante : avoir ou ne pas avoir.  Il y a les riches qui possèdent et les autres qui bêchent.  Dans cette organisation pyramidale il y a les sans-visages, j’ai nommé les actionnaires et les spéculateurs.  Ils se nourrissent essentiellement de dividendes et de la misère des autres.    

 

De part le monde une armée de zombies est à l’œuvre pour satisfaire ici et là quelque privilégiés.  Le travail qui devait être synonyme d’émancipation s’est mué en asservissement.  La pauvreté est omniprésente et la misère prospère partout.  La lutte des classes est finie.  Le prolétariat a perdu et la bourgeoisie est inféodée au vainqueur le grand capital.  Cependant, faire de la majeure partie des hommes des bêtes de production est un crime contre l’humanité.


 Avant la maxime suivante était vrai : « Le travail touche à tout et tout touche au travail.  Dire que l’on ne travaille pas, c’est avouer que l’on n’a pas le désir de vivre libre. »  Aujourd’hui on pourrait dire : « Le travail touche à tout et tout touche au travail. Dire que l’on travaille, n’implique pas forcément que l’on soit libre.  Bien au contraire, on est devenu esclave d’un système qui marche sur la tête. »  Je suis l’homme globalisé, un travailleur parmi des milliards, mais qui rêve de liberté.  

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